Association Rèpublicaine Irunaise
"Nicolás Guerendiain"
La défense des valeurs républicaines et la récupération de la mémoire historique

Le recit gagnant. 2ème Catégorie. Auteur: Janire Asensio Cantero

Daniela

Affiche du concours litteraire

Daniela est une fille réservée et timide. Mais elle n'a pas toujours été comme ça. 

Sa peau est brune, ses cheveux noirs et ses yeux si foncés qu'on arrive à peine à distinguer l'iris de la pupille. Elle est de taille moyenne.

Depuis toute petite elle habite en Espagne, mais elle est née au Mexique, comme ses parents.

Il y a peu, elle a dû déménager à cause du travail de son père, nouvelle ville et conséquemment nouveau lycée. 

Cela fait une semaine que Daniela va à ce lycée. Tout est nouveau pour elle: les professeurs, les cours, l'endroit... C'est difficile de s'adapter à un changement pareil à quinze ans, à cet âge-là, les garçons et les filles ont des groupes établis.

Le premier jour elle arrive avec l'intention d'être sociable et aimable avec les autres, mais elle n'est pas reçue comme elle s'y attendait.

Tel qu'elle avait prévu, la classe est divisée en deux groupes: les garçons et les filles. Les garçons lui ont jeté un coup d'œil rapide et ils ont apparemment décidé qu'elle ne valait pas le coup parce qu'ils ont vite tourné la tête vers leurs affaires. Les filles ont fait de même, elles l'ont observée, elles ont fixé comment elle était habillée et ensuite elles ont commencé à chuchoter. Une fille cependant l'a sourit avec amabilité. Elle aussi elle est timide, mais elle lui fait toujours le bonjour et elles parlent de temps en temps. 

Dès que la sonnerie annonce l'heure de la récréation, elle prend ses affaires et elle va à la bibliothèque comme tous les jours. Mais, a moitié de chemin, elle voit une scène qui la trouble beaucoup. Elle s'approche, un grand garçon est collé contre un autre plus petit, apparemment il le menace.   

Elle ne supporte pas les gens qui abusent des plus faibles qu'eux. Les personnes violentes. Pourquoi y a-t-il des gens comme ça au monde? Personne ne mérite d'être maltraité.  

—Excuse-moi, mais tu ferais mieux de le laisser tranquille- lui dit-elle.

Il se retourne, la regarde de travers, il lâche le gosse qui part en courant et la fixe à nouveau.
—Occupe-toi de tes affaires, panchita*

Cet insulte la vexe beaucoup. Ceux qu'elle ne supporte vraiment pas ce sont les violents, ceux qui méprisent les autres du fait de son origine. Le fait d'être d'un autre pays la rend-elle différente de lui? Se croit-il dans le droit de la maltraiter parce qu'elle est différente? Personne ne devrait chagriner quelqu'un d'autre du fait d'être tel quel. Personne ne devrait se soucier de l'origine, de la couleur de la peau ou des coutumes des gens.

 —Je ne suis pas panchita, je suis mexicaine.

—Je m'en fous. Tu n'as pas à te mêler des affaires des autres, petite mexicaine de merde- lui dit-il. Il s'ést rapproché et la regarde d'un air menaçant.

—Et toi tu n'as pas à embêter les gens-  Elle en avait marre. Qu'est-ce qu'il se croyait ce ballot?

Il passe à côté d'elle et d'un coup d'épaule la fait basculer. 

—Gare à toi!

Elle ne l'a plus rencontré de la journée, mais pendant les trois jours suivants, lui et ses copains se sont amusés à l'insulter et à l'embêter pendant les récrées et les repas. Elle en avait marre des insultes et des blagues. En arrivant chez elle, étendue sur son lit dans le noir elle se demande pourquoi il y a des gens qui agissent comme ça. Ils la font sentir faible et toute petite, insignifiante.

Vendredi, elle se dirige au lycée abattue, consciente de ce qui lui attend.

Malgré tout elle ne regrette pas d'avoir aidé ce petit gosse, même après en avoir subi les conséquences. 

Lorsque la sonnerie annonce la récrée, elle sort en courant pour ne pas rencontrer personne, mais en arrivant à la bibliothèque un pied la fait trébucher et elle tombe par terre, ainsi que tous les papiers qu'elle porte.

—T'es vraiment con, tu sais? Va-t-en et ne reviens plus-  dit une voix fâchée.

—T'énerve pas mignonne, on n'a rien fait. Ce n'est pas notre faute si cette idiote est une maladroite.- elle entend les rires des garçons qui s'éloignent.

Elle s'est relevée et elle est allée ramasser ses papiers, mais quelqu'un l'avait déjà fait.  Une fille blondinette et petite la regarde souriante avec les papiers dans ses mains. Elle les lui tend.

—Je m'appelle Miriam, ça va? - elle a un sourire doux et a l'air inquiet.

—Oui, merci. Je suis Daniela.

—Enchantée Daniela. Écoute, ne t'en fais pas de cet idiot, il est déjà averti.  

—Merci, vraiment.

—De rien. Je te cherchais, je  veux que tu m'accompagnes - ceci dit elle lui prend la main et l'emmene avec elle. Daniela est surprise mais elle se laisse faire. Tout compte fait, Miriam a l'air gentil et elle lui a aidé.

Elle la conduit jusqu'à la cour et la rapproche d'un groupe de filles. Elles se regardent et elles sourient.

—Les filles, voilà Daniela.

—Salut! —elles ont toutes salué et elles se sont présentées dans l'ordre.

—Salut Daniela —c'était Ana, la fille sympa de sa classe—Où t'étais-tu garée? On t'a cherchée tous les jours mais on n'arrivait pas à te trouver. Il parait que Miriam a eu plus de chance que moi.

—Oui, bon, je la cherchais quand j'ai vu que ce con d'Adrian et ses copains lui ont fait un croche-pied pour la faire tomber par terre- leur a raconté Miriam.

— Comment? - s'étonnent les autres - Pourquoi?

—L'autre jour il menaçait un garçon plus petit que lui et je lui ai dit de le laisser tranquille -j'ai haussé les épaules. Je n'ai fait que ce qui m'a paru correct.

—Alors tu as bien fait. C'est un bagarreur, il embête tout le monde. Je n'aime pas qu'il se croie dans le droit de le faire.

D'un geste affirmatif elles ont toutes été d'accord avec les mots de Miriam.

—Bon, on t'a emmenée avec nous parce qu'Ana nous a dit qu'il y avait une fille nouvelle dans sa classe et que tu avais l'air sympa - commence à expliquer Miriam.

—De plus, on sait que les filles de ta classe ne sont pas trop agréables, elles adorent juger les gens et si tu ne leur plais pas elles te rejettent.

—Par contre nous, nous aimons connaître des gens nouveaux. N'importe d'où que tu viennes, comment tu sois physiquement, quelle que soit ta façon de t'habiller... Nous croyons que la façon d'être de chacun est quelque chose qui la rend unique et non pas une raison pour la discriminer.

 Elles ont toutes été d'accord et j'ai souri. Moi qui croyais que je n'allais pas trouver des gens aimables. Il y a toujours des exceptions et ces filles étaient sans doute des bonnes personnes.

—Alors, qu'est-ce que tu en dis, tu aimerais être notre amie?- ont-elles demandé en souriant.

—Bien sûr, merci beaucoup- a-t-elle répondu heureuse.

—Tu n'as pas à nous remercier- dit Ana en entrelaçant son bras à celui de Daniela.

Grâce à  ces filles, Daniela va au lycée heureuse. Sa mère est allée parler au directeur et lui a demandé un changement de classe, Daniela pour sa part a fait de même au réfectoire. Maintenant elle est en cours avec ses amies et elle mange avec elles. Elle sait qu'il y a quelqu'un pour l'appuyer et pour lui faire sourire. Au lycée elle se sent à l'aise. Elle est encore embêtée de temps en temps par quelqu'un, mais elle a ses nouvelles amies pour la défendre.

Plus tard, lors d'un exposé en classe, elle et quelques-unes de ses amies ont choisi comme sujet l'Égalité, la Solidarité et la non-Violence. Elles ont défendu l'idée selon laquelle nous sommes tous ÉGAUX, et que PERSONNE ne doit être maltraité par nul d'autre. Qu'il faut S'AIDER les uns et les autres tant que possible. Et tout cela Daniela l'a appris grâce à ces magnifiques amies avec lesquelles elle partage une vie et avec lesquelles elle est heureuse.

* terme péjoratif employé pour désigner les sudaméricains.

Jane