Association Rèpublicaine Irunaise
"Nicolás Guerendiain"
La défense des valeurs républicaines et la récupération de la mémoire historique

Rosario Sanchez Mora "Dynamiteuse"

Rosario 'Dynamiteuse'

(Villarejo de Salvanés-Madrid 1919)

Elle avait 17 ans lorsqu’elle s’enrôla comme milicienne volontaire pour lutter contre les troupes fascistes qui prétendaient s’emparer de Madrid, tout au début de la Guerre Civile.

Au front, Rosario et ses compagnons sont destinés à l’une des unités de choc qui se battaient en première ligne de feu, sous les ordres d’un gaillard de vingt-sept ans, robuste, de taille moyenne et barbe touffue: Valentín González, que tout le monde surnommait «Le Paysan». Son arme: un mousqueton de sept kilos et, comme seules notions de maniement des armes, les instructions reçues dans la tranchée.

Après deux semaines d’affrontement, durant lesquelles ils arrivent à contenir les rebelles, la guerre dans la sierra, jusqu’alors bataille ouverte, devient une bataille de positions. Rosario rejoint la section des dynamiteurs, sous le commandement du Capitaine Emilio González González, un mineur dynamiteur de Sama de Langreo (Asturies), spécialiste en maniement de matières fulminantes et dynamite.

Le quartier général du groupe se trouvait à environ cinq kilomètres de la ligne de feu et ils disposaient d’une petite poudrière, dans laquelle ils stockaient les explosifs et confectionnaient des bombes rudimentaires. Les artefacts consistaient en boîtes de lait concentré, qui étaient recyclées en grenades de main. La procédure était simple: on remplissait la boîte de clous, vis et débris de verre, sur lesquels on versait de la dynamique. On refermait ensuite la boîte avec son propre couvercle et on la serrait à l’aide de cordes et de chiffons, pour éviter l’écoulement de son contenu.

Un matin de septembre, Rosario et ses compagnons sont en train d’apprendre à effectuer une décharge avec des cartouches de dynamite, plus faciles à manipuler que les boîtes-bombes. Elle allume la mèche et l’entend siffler. La nuit précédente, il avait plu et la mèche était humide. Elle brûlait à l’intérieur, mais pas à l’extérieur et Rosario ne sent pas la chaleur de la flamme sur l’ongle de son pouce, qui indique le moment où il faut la lancer. La cartouche éclate dans sa main droite, qu’elle arrache à hauteur du poignet. Gravement blessée, elle est opérée à l’hôpital et les médecins lui sauvent la vie.

Sans avoir récupéré encore toutes ses forces, elle reprend la lutte, réalisant différentes activités. À la fin de la guerre, elle est arrêtée et condamnée à mort, à la suite d’un procès sommaire, peine qui lui est commutée en 30 ans de prison.

Aujourd’hui, cette femme toujours rebelle et à la mémoire prodigieuse, tient à conserver ses souvenirs, qu’elle rédige dans d’énormes cahiers à spirales.

Le poète Miguel Hernández l’a immortalisée dans l’un de ses poèmes comme «Rosario la dynamiteuse».

Rosario, dinamitera,
sobre tu mano bonita
celaba la dinamita
sus atributos de fiera.
Nadie al mirarla creyera
que había en su corazón
una desesperación,
de cristales, de metralla
ansiosa de una batalla,
sedienta de una explosión.

Era tu mano derecha,
capaz de fundir leones,
la flor de las municiones
y el anhelo de la mecha.
Rosario, buena cosecha,
alta como un campanario
sembrabas al adversario
de dinamita furiosa
y era tu mano una rosa
enfurecida, Rosario.

Buitrago ha sido testigo
de la condición de rayo
de las hazañas que callo
y de la mano que digo.
¡Bien conoció el enemigo
la mano de esta doncella,
que hoy no es mano porque de ella,
que ni un solo dedo agita,
se prendó la dinamita
y la convirtió en estrella!

Rosario, dinamitera,
puedes ser varón y eres
la nata de las mujeres,
la espuma de la trinchera.
Digna como una bandera
de triunfos y resplandores,
dinamiteros pastores,
vedla agitando su aliento
y dad las bombas al viento
del alma de los traidores.

Chanson de Pedro Faura "Rosario Dinamitera"